L'évolution vers l'équilibre : En écho à la Femme Sauvage

Depuis mes souvenirs les plus lointains, j'ai toujours été une âme indépendante et solitaire. En tant que jeune adulte, il m'est apparu évident que je devais être parfaitement autonome, afin de ne jamais dépendre d'autrui. La perspective de dépendre d'un homme plus tard était hors de question.

Le modèle familial traditionnel représentait une dévalorisation manifeste des femmes, à laquelle je refusais de me conformer. Bien entendu, en tant que jeune personne, je n'avais pas encore la capacité de nommer clairement mes pensées.

Ayant grandi dans un environnement largement masculin, j'ai développé des réflexes attribuables davantage à la masculinité. Par conséquent, je n'ai pas acquis la capacité d'écouter mes émotions et de leur laisser place. J'ai plutôt appris à les refouler et à les éviter. La peur était également une émotion que je ne me permettais pas, étant perçue comme une faiblesse. De plus, les tâches manuelles ont rapidement fait partie intégrante de mon quotidien, afin d'apprendre à être indépendante. Il était inconcevable pour moi de devoir dépendre d'un homme pour ces tâches.

Pendant longtemps, j'ai idéalisé ces caractéristiques attribuables à la masculinité, tout en dévalorisant les qualités féminines.

Ces dernières années, des épreuves plus difficiles m'ont incitée à entreprendre un travail en profondeur. J'ai alors pris conscience de la nécessité de laisser place à mes qualités féminines telles que l'intuition, la sensibilité, la collaboration, la créativité, la compassion et la bienveillance. Depuis près de 15 ans, je prends des médicaments pour lutter contre l'anxiété. Il m'arrive parfois de plaisanter avec mon entourage en disant que mon anxiété est due au fait que je mène une vie qui ne me correspond pas. En réalité, je suis profondément convaincue que le rythme de vie effréné, la surabondance d'informations, la rapidité des communications actuelles, et le fait que nous soyons si éloignés et détachés de tout ce qui a trait à la terre, contribuent grandement à la consommation massive d'anxiolytiques.

J'ai réalisé que j'avais consacré beaucoup d'efforts au développement de mes qualités masculines telles que l'endurance, le courage, le leadership, la rationalité, l'indépendance, l'affirmation, la prise de décision, ainsi que mon esprit compétitif.

Aujourd'hui, je me montre plus douce envers moi-même et je m'efforce d'accueillir et d'écouter la petite fille en moi, en lui laissant toute la place qu'elle convoite depuis tant d'années. C'est de cette petite fille réprimée qu'est née "Femme Sauvage".

Cette Femme, qui a fortement développé ses qualités masculines, apprend désormais à laisser place à davantage d'intuition, d'auto-compassion et de créativité dans son quotidien.

Mon équilibre se situe quelque part entre ces deux genres.

La Femme Sauvage est un concept très vaste qui peut parler à bon nombre d'entre nous. De mon côté, il évoque notamment le retour à la terre, la connexion avec la nature, l'authenticité et les moments de solitude. La Femme Sauvage aspire au calme et à la lenteur. Elle est connectée à ses émotions, écoute davantage son cœur et ses intuitions, et célèbre son unicité.

La Femme Sauvage se sent oppressée dans notre société, notamment en raison des normes sociales et culturelles, des structures patriarcales, des pressions économiques, familiales et professionnelles, des normes de beauté et de l'objectification.

Elle aspire à une communauté qui valorise l'unicité, la compassion, l'acceptation de soi, l'authenticité, l'art, la création, ainsi que la connexion avec la nature, afin de réaliser son plein potentiel et de s'épanouir.

De cette rencontre entre la petite fille réprimée et la Femme sauvage est née une harmonie singulière, témoignant de l'union épanouissante entre les forces masculine et féminine, et de l'aspiration à une vie en accord avec la nature et l'authenticité.

Kara xx